« Sur l’économie circulaire, il manque une vision à très long terme »
« Sur l’économie circulaire, il manque une vision à très long terme »
Sébastien Liarte est professeur des universités en sciences de gestion rattaché à l’IAE Nancy school of management et au laboratoire Beta (Bureau d’économie théorique et appliqué) de l’Université de Lorraine. Il participe à la table ronde sur l’économie circulaire d’Ici on agit le 25 avril à 13 h 55 au centre Prouvé de Nancy.
Sébastien Liarte, professeur des universités en sciences de gestion.
Les batteries de voitures électriques sont un problème.
Qu’est-ce qui vous rattache à la thématique de l’économie circulaire ?
Je participe à un certain nombre de projets dans le cadre de Lorraine université d’excellence et par le passé, avec le laboratoire GéoRessources, sur l’utilisation de manière raisonnée des matériaux rares. Notamment ceux qui composent les batteries de voitures électriques, dont la problématique dans quelques années sera de savoir ce qu’on en fait. Il faut y réfléchir maintenant, c’est même déjà un peu tard. Je travaille en complément de spécialistes de l’utilisation des matières. Au-delà de trouver des techniques pour recycler et prolonger la vie, j’interviens au niveau économique pour trouver le modèle associé qui soit soutenable. Pour faire du durable, il faut que l’entreprise en vive. Sinon, les technologies disparaissent. Les performances scientifiques, c’est bien, mais il faut avoir conscience des enjeux économiques, sinon les industriels se désengagent. Ce qui vient aussi perturber l’environnement économique, ce sont les subventions publiques.
Les politiques actuelles sont-elles à la hauteur des enjeux de l’économie circulaire ?
Il y a des politiques d’incitations. On peut toujours discuter du montant des volumes et des aides. Mais ces subventions publiques orientent le marché, voire le tordent. Quand elles sont stoppées, cela met un coup d’arrêt. Donc il faut être sûr de ces choix. La voiture électrique, on sait que c’est ce qu’il y a de mieux en termes d’émissions de particules fines et de pollution sonore. Mais le recyclage des batteries et des matières peuvent générer une véritable catastrophe écologique. A-t-on vraiment conscience de ces tenants et aboutissants ? J’en suis moins sûr. En Europe, il manque une vision à très long terme. Sur l’économie circulaire, on a dépassé le cadre de l’effet de mode. Mais il faut du temps pour l’ancrer encore plus.
Qu’attendez-vous de cet événement Ici on agit ?
L’économie circulaire, c’est un écosystème réunissant plein d’acteurs qui ont un intérêt commun mais des problématiques différentes, parfois opposées. J’attends qu’on échange et qu’on comprenne les questionnements de chacun pour pouvoir élargir nos points de vue. Les occasions de pouvoir tous se réunir ne sont pas si nombreuses. Notre région est plutôt en pointe sur ces questions. J’espère que ces échanges vont entretenir cette dynamique.
Inventer un modèle durable pour demain
Trier, réemployer, recycler : chaque geste compte pour bâtir une économie plus circulaire. La gestion des déchets nécessite l’engagement de tous : citoyens, entreprises et collectivités. Comment mieux sensibiliser aux bons gestes dès l’amont ? Quels modèles économiques peuvent allier rentabilité et durabilité ? Autant de questions qui seront débattues lors de la table ronde intitulée Économie circulaire et déchets : existe-t-il un modèle durable ? qui se déroulera le vendredi 25 avril, à partir de 13 h 55 au centre Prouvé dans le cadre de l’événement Ici On Agit ! porté par les journaux du Groupe Ebra – L’Est Républicain, Le Républicain Lorrain, Vosges Matin, L’Alsace, Les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Objectif : contribuer à la réflexion qui permette de repenser notre rapport aux matières afin de construire un modèle économique et de consommation plus durable pour demain. Pour échanger sur ce sujet et débattre ce vendredi au centre Prouvé à Nancy sur la thématique de l’économie circulaire, on retrouvera autour de la table, autour de la journaliste Virginie Bernard : Jean-François Nogrette, directeur général France & Déchets Spéciaux Europe chez Veolia ; Thomas Flusin, directeur régional Grand Est de Citéo ; François Werner, vice-président de la Région Grand Est, en charge de la Transition énergétique et Ecologique et Sébastien Liarte, professeur des universités en Sciences de gestion rattaché à l’IAE Nancy school of management de l’Université de Lorraine.
