Paléoclimatologue de renommée mondiale, directrice de recherche au CEA et ancienne coprésidente du groupe n°1 du GIEC (2015-2023), la Nancéienne Valérie Masson-Delmotte a rejoint le comité de programme #IciOnAgit !
Manifestation en faveur de la protection de l’environnement organisée par nos journaux à Nancy en avril prochain.
Valérie Masson-Delmotte, coprésidente du GIEC de 2015 à 2023, a rejoint le comité de programme #IciOnAgit ! Photo Cédric Jacquot
Valérie Masson-Delmotte est sans ambiguïté sur les raisons qui l’ont poussée à accepter de prendre part au programme ambitieux #IciOnAgit ! porté par les journaux du Groupe Ebra – L’Est Républicain, Le Républicain et Vosges Matin – et dont la première édition se déroulera à Nancy au mois d’avril 2025 : « Je suis tout à fait en phase avec l’ambition et la méthode retenue pour ce projet : construire une réflexion sur des enjeux partagés autour des problématiques environnementales, en réunissant des gens d’horizons différents, en utilisant des leviers qui, souvent existent, mais en ayant l’ambition de rendre les choses plus visibles. Cela me semble essentiel. »
Une dynamique au service de laquelle la paléoclimatologue, qui compte parmi les personnalités les plus influentes au monde dans son domaine d’expertise , a donc accepté de consacrer une partie de son énergie à un moment crucial explique-t-elle : « Nous vivons un temps ou le déni pur et simple n’est plus tenable : les impacts du changement sont là, parfois plus graves qu’anticipé. Mais les choses ont changé de forme : l’approche est aujourd’hui clivante sur les solutions à apporter. Or, il y a beaucoup de désinformation sur ces sujets qui est à même de saper la confiance que le public peut avoir en les pistes avancées par les scientifiques. »
« Quand j’entends l’accent lorrain, je me sens chez moi »
Pour lutter, cette dernière se dit « convaincue qu’une démarche comme celle de #IciOnAgit ! doit permettre de montrer ce qui est d’ores et déjà fait et qui fonctionne, de démontrer qu’il est possible de tenir les objectifs de France 2030 même si, bien entendu d’énormes sujets demeurent sur la table : mobilité, bâtiment, forêts, etc. »
Une mobilisation qui donnera à Valérie Masson-Delmotte l’occasion de revenir sur les terres de son enfance où vit toujours une partie de sa famille. Pour la directrice de recherche au Commissariat à l‘énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), la Lorraine est singulièrement la région de Nancy demeure un havre : « Quand j’entends l’accent lorrain, je me sens chez moi », explique celle qui vit aujourd’hui en Région parisienne et garde aussi quelques nostalgies liées, par exemple, « aux longues journées de ski de fond dans les Vosges, qui sont aujourd’hui de moins en moins possibles… ».
Prendre toutes les questions à bras-le-corps
Après avoir quitté ses fonctions au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l‘évolution du climat (GIEC) , la scientifique demeure pleinement investie dans la mission de sensibilisation aux enjeux du changement climatique autant que dans les projets de recherche qui sont les siens – notamment un projet de recherche autour de l’antarctique sur l’évolution des glaces de mer mais aussi le suivi et le transport des dépôts de neige.
Elle est en cela fidèle à la démarche qui, depuis des années, l’a poussé à l’avant-garde de la lutte contre le climatoscepticisme. En 2010, Valérie Masson-Delmotte avait été, bien avant son entrée au GIEC, à l’origine de l’appel des 400 spécialistes du climat critiquant le « dénigrement », les « accusations ou affirmations péremptoires » ainsi que les « erreurs » de Claude Allègre ou Vincent Courtillot sur le sujet. Un combat qui demeure nécessaire puisque « de nombreuses questions ne sont pas encore prises à bras-le-corps ».
Un article rédigé par des journalistes du journal L'Est Républicain.