L’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, engagée aux côtés du Progrès dans l’événement “Ici on agit !” en mai 2025 à Lyon, est un acteur important au service de l’eau. Nicolas Alban, directeur de la Délégation de Lyon, évoque les actions menées en faveur d’une consommation responsable… et ce qu’il reste à mettre en place.
Dans la Métropole de Lyon, une tarification environnementale et sociale est appliquée depuis cette année : les 20 premiers mètres cubes d’eau sont gratuits. Photo d’illustration Hemis
Comment l’Agence de l’eau intervient-elle ?
« Les solutions pour économiser de l’eau ne sont pas toujours simples, il faut parfois de l’argent et c’est là où l’Agence de l’eau intervient. On accompagne de nombreux industriels pour diminuer leur consommation en eau et recycler l’eau à l’intérieur des process. Dans le secteur agricole, on accompagne les agriculteurs pour les aider à changer leurs pratiques, soit en se passant complètement de l’irrigation, soit en améliorant leur manière d’irriguer. Sur l’eau potable, la première solution, c’est de réparer les fuites sur les tuyaux : 1 litre d’eau sur 5, voire sur 4 dans la région, se perd en cours de route. C’est énorme ! Des mesures sur les réseaux permettent de cibler des points noirs et on accompagne financièrement les collectivités pour les résorber. »
« Chercher l’eau là où elle est abondante, pas dans les endroits les plus fragiles »
Quelles sont les autres solutions ?
« Au-delà des économies d’eau, on peut aussi aller chercher l’eau là où elle est abondante pour éviter de la prélever dans les endroits les plus fragiles. C’est ce qu’on appelle de la substitution. On abandonne un prélèvement dans une petite rivière pour aller chercher de l’eau, par exemple dans le Rhône. L’un des plus gros projets que nous avons financé, c’est la substitution de l’est lyonnais : on a aidé le SMARH (Syndicat mixte d’hydraulique agricole du Rhône) à construire il y a 2 ans une importante station de pompage sur le Rhône, à Meyzieu, pour supprimer les prélèvements dans la nappe de l’est lyonnais, laquelle est très importante pour l’eau potable et malheureusement fragile. Cela représente plus de 8 millions d’euros d’investissement. Au total, les très nombreux projets ont permis sur les 6 dernières années l’économie de 100 millions de m3 d’eau sur les bassins Rhône-Méditerranée et de Corse. »
Et chez les particuliers ?
« L’Agence ne s’adresse pas directement aux particuliers, mais encourage des collectivités à mettre des actions vertueuses en place : une tarification environnementale et sociale (1), l’installation de kits hydro-économes sur tous les robinets (ou mousseurs, qui permettent de projeter l’eau différemment pour moins la consommer et mieux l’utiliser) -beaucoup de collectivités en ont proposé gratuitement à leurs abonnés-, la récupération de l’eau de pluie et surtout faire avec moins. Je vous rassure, on ne leur demande pas d’arrêter de se laver ! Mais des petits gestes du quotidien, c’est important : plutôt les douches que les bains, éviter de laver la voiture, réduire le remplissage des piscines… Limiter tous ces usages superflus. »
Et concernant les chasses d’eau ?
« L’utilisation des eaux grises vise d’abord des structures collectives : les bâtiments publics, gymnases, collèges. Notre effort porte sur le développement de la réutilisation des eaux usées traitées, celles qui vont normalement être rejetées dans les rivières, à la sortie des stations d’épuration. La station de Beynost (Ain) , par exemple, utilise ces eaux dans tous ses process de nettoyage. »
« On ne fait pas boire de l’eau réutilisée aux particuliers »
Quelle est la principale démarche à réaliser ?
« De la pédagogie ! Très peu de gens savent d’où vient leur eau potable, on entend souvent dire “Je bois de l’eau en bouteille (vendue très cher et avec du plastique, en plus !) parce que je ne veux pas boire de l’eau de la station d’épuration”. Ça, c’est un mythe total. On ne fait pas boire de l’eau réutilisée aux particuliers. L’eau consommée, elle vient de nos rivières et surtout du sol, des nappes, souterraines la plupart du temps, lesquelles sont alimentées par l’eau de pluie par ruissellement à travers la roche. Ce cycle de l’eau, il est très important de le suivre et de le restaurer. »
Un article rédigé par un journaliste du journal Le Progrès