Transports et déplacements : « Inciter les gens à ne plus avoir le réflexe de la voiture demandera du temps», souligne cette chercheuse
Transports et déplacements : « Inciter les gens à ne plus avoir le réflexe de la voiture demandera du temps», souligne cette chercheuse
Comment permettre au plus grand nombre de se déplacer efficacement, et avec une empreinte carbone réduite ? Complexe et passionnante, la question sera abordée vendredi 25 avril lors du rendez-vous « Ici On Agit ! » à Nancy, par plusieurs experts. Dont Anne Hecker, enseignante et chercheuse à l’Université de Lorraine.
Enseignante et chercheuse au Loterr, centre de recherche en géographie de l’Université de Lorraine, Anne Hecker contribue à former les futurs géographes aménageurs de l’espace public, notamment en termes de transports. Photo Dr
Quand on pense « moyens de déplacements et mobilités », on se dit déjà qu’on ne parle pas de la même chose selon que l’on habite en ville ou à la campagne…
En effet, il y a vraiment les échelles d’interventions très différentes. Globalement, actuellement tout le monde travaille beaucoup sur les hypercentres-villes, qui sont plutôt bien traités notamment avec des actions de piétonnisation de certaines rues, mais plus on va vers les quartiers excentrés du centre, plus la voiture va être présente. En péri-urbain, sans voiture généralement on ne fait pas grand-chose, et je ne parle même pas de la campagne , avec des bus qui passent mais pas souvent… et qui, de fait, sont moins attractifs. C’est une question de densité des territoires, car il faut évidemment suffisamment de clients pour légitimer ou justifier un service de transports en commun.
Alors pour améliorer cette situation, alors que les décisions relèvent souvent du politique, comment s’y prendre ?
Ça, c’est le sésame que tout le monde cherche (rires) ! Il a effectivement une question financière, sachant que le transport, toujours très cher et jamais très rentable, représente de l’argent public, et parfois un peu aussi celui des entreprises, à engager. Mais au-delà de ça, si l’on veut des commerces ou des entreprises mieux implantés pour éviter certains déplacements, cela ne se décrète pas, et les politiques ne peuvent pas tout. Ces cercles vertueux qu’il faudrait mettre en place, basés notamment sur de l’emploi et des commerces qui ne partent pas tous vers la périphérie, demandent de travailler sur du temps long et de faire travailler tout le monde ensemble, le public et le privé.
Qu’attendez-vous de la table ronde sur les mobilités ?
Le simple fait de dialoguer et d’engager une réflexion commune, c’est toujours enrichissant. Personnellement, je pourrai évoquer le sujet sur lequel je travaille plus particulièrement ces derniers temps, à savoir celui dit du “dernier kilomètre” , et les moyens d’inciter les gens à ne plus avoir le “réflexe voiture” en permanence, en aménageant la ville pour la rendre plus agréable, plus ‘’marchable’’. Avec la représentante de la SNCF (N.D.L.R. : Stéphanie Dommange, directrice régionale et coordinatrice du réseau TER du Grand Est) , on va pouvoir aborder les réponses ferroviaires possibles. Mais au-delà de ce genre de rencontres et d’événements, il faudra encore plus de communication envers le grand public. Et tant que la voiture sera perçue comme l’un des symboles de la réussite, ce qui est encore le cas dans l’esprit de beaucoup de gens, faire vraiment bouger les choses sera compliqué. On parle donc là d’un changement de fond qui s’opère.
Table ronde « Mobilités durables : réinventer nos déplacements pour un avenir inclusif et décarboné », vendredi 25 avril de 16 h 40 à 17 h 25 au centre des Congrès de Nancy
Une table ronde pour évoquer les pistes d’évolution vers des mobilités décarbonées
Comment concevoir des mobilités à la fois respectueuses de l’environnement et accessibles à tous ? Entre changement de paradigme énergétique, développement des mobilités actives et renforcement du ferroviaire, quels seront les modes de transport adaptés aux besoins des personnes et marchandises ? Voilà le genre de questions qui seront posées ce vendredi 25 avril, à l’occasion de la table ronde consacrée à nos déplacements.
Outre la chercheuse et enseignante Anne Hecker, ce temps d’échanges animé par le journaliste Gilles Halais, donnera la parole à Stéphanie Dommange du groupe SNCF, où elle coordonne le réseau de TER du Grand Est, ainsi qu’aux élus Laurence Wieser, conseillère déléguée aux mobilités actives et à la qualité de l’air pour la Métropole du Grand Nancy, et Thibaud Philipps, vice-président aux Transports et Mobilités Durables de la région Grand Est. Ces spécialistes évoqueront ainsi les pistes à suivre face aux impératifs de décarbonation, aux enjeux d’innovation technologique, et de durabilité.
Cette conférence sera donc l’occasion d’exposer, en se projetant au-delà du constat actuel, quelques idées concrètes et novatrices pour “réinventer” nos déplacements. Un secteur déjà en pleine évolution, au gré des usages des citoyens et des moyens de transport mis à leur disposition.
S.C.