« Un mégot pollue 500 litres d’eau, c’est un désastre écologique »

Publié le 18 avril 2025

« Un mégot pollue 500 litres d’eau, c’est un désastre écologique »

Pierre-Ambroise Bosse, ancien champion du monde du 800 m, vu récemment dans l’émission The Island avec Sidney Govou, participera à « Ici on agit ! » le 16 mai en proposant une opération de nettoyage, ainsi qu’une table-ronde sur « Repenser la gestion de nos déchets : vers une économie circulaire et durable ». Depuis quatre ans, il œuvre à sensibiliser le grand public dans ce sens, de manière ludique, et a créé l’an dernier l’association The Clean Project. « On fait de l’écologie positive, pas punitive », insiste-t-il.

Pierre-Ambroise Bosse (à droite) a créé l’association The Clean Project avec Bryan Cantero, lui ancien athlète de haut niveau. Ils sont déjà passés par Lyon en octobre dernier pour une opération clean-up. Photo Éric Baule

Pourquoi participez-vous à « Ici on agit ! » ?

« Déjà, parce que nous avons apprécié notre collaboration avec Le Progrès sur The Clean Project en octobre dernier sur la place Bellecour, et on y reviendra d’ailleurs cette année. Ensuite, parce qu’on veut continuer à vraiment sensibiliser les gens sur le déchet sauvage et sa revalorisation. Notre gros focus, ce sont les mégots, un fléau présent partout dans le monde. Or, c’est un milieu circulaire : tous les mégots ramassés et collectés sur nos événements sont recyclés en mobilier urbain grâce à l’entreprise brestoise MéGO !. Cela devient une matière plastique appelée le plastiGO ! qui ressemble à du bois. »


En quoi consistent vos opérations de clean-up ?

« Elles se déroulent sous forme de carte aux trésors aux déchets pendant une heure et demie : le but, c’est d’en collecter le plus possible. À chaque fois, on ramasse entre 200 000 et 500 000 mégots. On a un stand sur des festivals : on fait tourner une roue de l’engagement, on joue au ping-pong sur une table créée à base de mégots recyclés et on sensibilise les festivaliers au tri des déchets comme ils sont sensibilisés à la consommation de drogues. On leur montre qu’on peut s’amuser sans être « crados » en fait ! »

« Les gens nous prenaient un peu pour des extraterrestres »

Comment tout a commencé ?

« Quand je courrais aux 4 coins du monde, certains paysages étaient gâchés par la pollution visuelle. Sur des îles, le long des berges ou des plages, on retrouve des tonnes de bouteilles plastiques et de déchets divers. Sur The Island , tournée en Thaïlande, il suffisait de s’éloigner de quelques centaines de mètres du spot qui avait été lavé exprès pour l’émission et on retrouvait des montagnes de déchets. On part courir pour faire du sport et prendre soin de nous, ce n’est pas pour tomber sur une poubelle. Le but, c’est de prendre soin de sa santé, mais aussi de son environnement. C’est comme ça que j’ai décidé de m’engager. »

Quel accueil recevez-vous généralement ?

« Sur les premiers clean-up, la réaction des gens était variée : certains nous applaudissaient en passant, ils nous prenaient un peu pour des extraterrestres. Et puis, à l’inverse, il y a ceux qui nous narguent en nous disant qu’ils viennent de jeter leur clope, histoire de dire : « tu te rends compte le nombre de mégots qu’il y a, arrête de te faire chier avec ça, mec ! » Moi, je découvre des choses tous les jours et je rencontre des petits génies acteurs du changement climatique, à l’image de l’entreprise Recyclage VR qui a inventé un jeu de réalité virtuelle pour trier ses déchets. On a encore une marge de progression importante. »


Le défi, c’est de convaincre les gens quoi n’ont pas envie d’être convaincus ?

« C’est un enjeu majeur aujourd’hui de convaincre les climato-sceptiques. Ceux qui sont dans le refus total. Je pense qu’ils sont allergiques, il y a tellement d’informations qui passent, il y a une telle hypocrisie notamment sur le côté agricole. Ils ne veulent plus entendre parler d’écologie. C’est pour ça que nous prenons le contre-pied et abordons la question sous la forme de jeu, c’est le principal vecteur pour convaincre les gens. Pour faire passer le message de manière subtile. »

« Le 16 mai, vous pouvez compter sur nous pour être au taquet ! »

Qu’est-ce qui pourrait les faire changer d’attitude ?

« Qu’ils comprennent qu’un mégot, ça pollue 500 litres d’eau et qu’il finit sa course avec les eaux de pluie dans les nappes phréatiques. C’est un désastre écologique. Durant nos clean-up, on fait de la prévention avant tout, on fait de l’écologie positive, pas punitive. Malheureusement, il y aura toujours une part de la population qui restera indifférente à cette problématique. La plupart du temps ce sont des gens éduqués, ils ne vont pas jeter leurs déchets ou leur chewing-gum mais il y a un côté je-m’en-foutiste dans les soirées ou sur les festivals : dès qu’ils déconnectent, qu’ils ont bu, ils se lâchent. Pour eux, ce sera nettoyé le lendemain. Moi aussi, je le faisais avant. Depuis ma prise de conscience, évidemment je ne le fais plus. »


Quel parallèle faites-vous entre votre engagement dans cette cause et votre carrière d’athlète ?

« Ce que je retrouve dans nos festivals, c’est l’effet compétition ! On invite des sportifs ambassadeurs pour être capitaine d’équipe, la coureuse de 400 m Fanny Pelletier ou le champion olympique d’aviron Hugo Boucheron étaient à Lyon en octobre. Ça ne va rien changer sur cette planète : ce ne sont pas 200 000 mégots qui vont faire la différence mais ils se donnent à fond, comme s’ils étaient sur une course. Je n’avais pas ressenti une telle poussée d’adrénaline depuis longtemps. Et avec un esprit d’équipe que je n’ai jamais connu à part peut-être sur certains relais aux championnats interclubs. Ça a vraiment pris sur moi et sur les ambassadeurs, on espère que ça prendra de plus en plus sur les gens et qu’ils arriveront à se mobiliser en individuel ou dans les entreprises. Et donc dès « Ici on agit ! » le 16 mai. Vous pouvez compter sur nous pour être au taquet ce jour-là ! »