Environnement : l’emploi et la formation face au défi de l’évolution des compétences

Publié le 25 avril 2025 par Pauline Grenier

Environnement : l’emploi et la formation face au défi de l’évolution des compétences

Dans le domaine de l’emploi comme dans celui de la formation, les questions environnementales occupent une place croissante : la table ronde consacrée à ces questions dans le cadre de l’événement «Ici On Agit !» le 25 avril prochain au centre prouvé à Nancy a pour ambition d’apporter un éclairage. Le point avec Guillain Mauviel, enseignant chercheur et vice-président de l’Université de Lorraine en charge des transitions.

Propos recueillis par Hervé Boggio.

Les questions environnementales prennent une place croissante dans la formation des étudiants dans la plupart des filières universitaires aujourd’hui. Une tendance qui entre en résonance avec l’importance grandissante de ces mêmes préoccupations dans le monde économique. Quel regard portez-vous sur ces évolutions ?

Guillain Mauviel : « Au début des années 2000, nous avons assisté à l’émergence assez forte de la conviction qu’il était nécessaire de former des spécialistes de l’environnement et donc de mettre sur pied des formations dédiées, pour la gestion des sols, de l’eau, de la qualité de l’aire, etc. Nous sommes aujourd’hui arrivés à nouvelle phase car si la nécessité de ces métiers « verts » est toujours patente, de nouveaux métiers sont apparus, en lien par exemple avec les questions liées à l’analyse des cycles de vie des matériaux, des produits, dans de nombreux domaines, mais aussi à l’idée qu’il est indispensable que tous les métiers, quels qu’ils soient, sont concernés par les transitions en cours. Et qu’il est donc nécessaire que celles et ceux qui vont les exercer soient formés à ces préoccupations. C’est ce qui a conduit l’université de Lorraine à mettre en place le certificat Sense , un enseignement qui est aujourd’hui suivi par tous les étudiants au cours du cycle de licence. Et déjà, une réflexion est en cours pour passer à l’étape suivante : comment lier ces enseignements aux autres disciplines de manière intégrée. Une idée qui fait débat, au sein même de la communauté scientifique et enseignante actuellement. Dans le monde de l’entreprise, ces préoccupations sont devenues majeures également, même si parfois, cela semble lié à des contraintes réglementaires et/ou économiques, plus qu’à des convictions profondes. »

Les politiques publiques développées au soutien de ces évolutions vous semblent-elles suffisantes ?

« J’évoquais à l’instant la question du lien à réaliser entre enseignements disciplinaires et environnementaux : le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’est saisi de cette réflexion avec pour objectif de former dans cet esprit l’ensemble des nouveaux enseignants-chercheurs à l’avenir. Pour les seniors, c’est différent, la question de la liberté académique qui est une donnée fondamentale de nos métiers, entrant en ligne de compte. De ce point de vue, les politiques publiques ne peuvent être uniquement prescriptives : il va falloir faire preuve de persuasion. »

Vous serez présent lors de l’événement ici On Agit ! à Nancy les 25 et 26 avril prochains. Qu’attendez-vous de ce rendez-vous ?

« Ce sera l’occasion de faire entendre la parole d’experts de renom et d’autres moins connus je l’espère au-delà des publics traditionnellement préoccupés de ces questions. L’engagement de l’université de Lorraine tombe sous le sens : c’est une occasion de faire lien entre les thématiques qui seront abordées et notre façon de faire de la recherche, de mieux comprendre et d’en faire mieux comprendre la dimension systémique. J’espère une mobilisation importante de nos étudiants et enseignants. »