Climat : le combat sans relâche de Jean Jouzel pour alerter politiques et citoyens
Climat : le combat sans relâche de Jean Jouzel pour alerter politiques et citoyens
Paléoclimatologue de renommée mondiale, longtemps vice-président du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Jean Jouzel sera l’un des invités majeurs de l’événement #IciOnAgit ! organisé par les journaux lorrains du Groupe Ebra – L’Est Républicain, Le Républicain Lorrain, Vosges Matin – les 25 et 26 avril 2025 à Nancy. Une occasion pour lui d’inviter chacun à l’action.
Il a remis son mandat de vice-président du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) en 2015 et partage aujourd’hui son existence entre Paris et sa Bretagne natale. Mais Jean Jouzel n’en continue pas moins à consacrer toute son énergie à éveiller les consciences. Le scientifique, qui a commencé sa carrière au commissariat à l’énergie atomique dans les années 70, a passé l’essentiel de sa carrière scientifique à s’intéresser au climat et à son évolution.
Paléoclimatologue, glaciologue, il accède très tôt à une immense notoriété scientifique grâce à ses travaux sur l’histoire du climat terrestre et au rôle du CO2 dans ses évolutions notamment. Mais ce sont bien ses prises de position, souvent militantes, au sein du Giec, dans les années 90, qui ont imposé sa voix dans l’espace public. Pionnier de la mise en évidence de la notion de variabilité climatique rapide par exemple, Jean Jouzel aura alors contribué à un véritable électrochoc mondial.
Du labo à l'arène politique
Là où nombre de scientifiques répugnent à prendre position, à porter le fer jusque dans le champ politique, Jean Jouzel ne recule pas : « J’ai compris très tôt je crois que les décideurs politiques auraient, en matière climatique, un rôle absolument essentiel. Même si tous mes collègues ne partagent pas ce point de vue, je suis d’avis que l’implication des scientifiques dans ce débat public est naturelle », résume-t-il aujourd’hui, après des décennies d’engagement. Pas le choix en somme : pour agir utilement, il fallait « aller au charbon », sans mauvais jeu de mots, quitter un peu le labo pour entrer dans l’arène…
Aura médiatique
Sans jamais retirer tout à fait la casquette scientifique qui légitime chacune de ses prises de position, Jean Jouzel va, pendant plus de 20 ans, être de tous les combats, en France et à l’international : du Grenelle de l’environnement ( 2007 ) à la loi Climat-Energie en passant par la convention citoyenne pour le climat (2019), le scientifique défend pied à pied ses convictions. Il fait ce qu’il sait faire : « C’est notre rôle d’apporter les éléments, nécessaires pour éclairer la décision politique. »
Singularité chez Jean Jouzel : l’aura médiatique qui a découlé de ses prises de parole publiques en a appelé d’autres, accroissant ainsi sa visibilité personnelle. Une visibilité qui, il en est conscient, a largement contribué à le rendre audible auprès des politiques. Un cercle vertueux, dont le principal dividende est d’avoir contribué à permettre que les questions climatiques deviennent incontournables. Même si elles sont toujours débattues.
Témoigner
Un débat dont l’homme de l’art déplore souvent qu’il soit synonyme de confusion entre convictions et faits démontrés. Une confusion relayée, entretenue de surcroît par nombre de puissants de ce monde… « La sortie des États-Unis de l’accord de Paris est, naturellement, une très mauvaise nouvelle. Notamment du fait de la contagion qu’elle pourrait susciter… Par ailleurs, il peut y avoir un décalage entre les ambitions affirmées, dans la loi en France par exemple, et les moyens mis en œuvre dont il est à craindre qu’ils ne soient pas suffisants. Mais cela ne doit pas inciter à l’inaction. Nous sommes tous impliqués : individus, collectivités, entreprises, ONG, etc. Pour ma part, je continuerai à témoigner ! »