Retour des pesticides « tueurs d’abeilles », les apiculteurs révoltés

Publié le 6 mars 2025 par Anna Mutin

Retour des pesticides « tueurs d’abeilles », les apiculteurs révoltés


Faut-il privilégier le rendement agricole ou la biodiversité ? Le Sénat semble avoir répondu à la question en autorisant, à titre dérogatoire, l’utilisation d’un pesticide nocif pour les pollinisateurs interdit en France depuis 2018. Dans le Grand Est, ce pesticide pourrait faire son retour pour préserver la filière de betterave.


Photo de caroline Porteau, apicultrice biologique dans les ArdennesCaroline Porteau, apicultrice biologique dans les Ardennes : « L’autorisation à titre dérogatoire d’utiliser des néonicotinoïdes symbolise selon moi une contradiction majeure dans les engagements de la France en matière de biodiversité et de transition écologique ». Photo DR



Pour les associations de défense de l’environnement, le 27 janvier 2025 restera dans les annales de la régression écologique. Ce jour-là, le Sénat a adopté la proposition de loi de Laurent Duplomb (élu LR de Haute-Loire), dont le sénateur meusien Franck Menonville (Union centriste) était co-rapporteur. Ce texte a ouvert la voie à la réintroduction en France de pesticides néonicotinoïdes. Les sénateurs ont adopté cette mesure controversée dans le cadre d’une proposition de loi, examinée en première lecture, pour « lever les entraves » au métier d’agriculteur.


L’acétamipride, un pesticide réputé nocif pour les pollinisateurs, que les planteurs français considèrent comme la seule substance efficace contre le puceron vert, vecteur de la jaunisse de la betterave, était interdit en France depuis 2018 mais restait autorisé dans d’autres pays d’Europe. C’est bien ce que reprochait une partie des agriculteurs français au gouvernement, leur proscrire un produit que d’autres utilisent sans vergogne, au risque de déstabiliser le marché français de la betterave et donc du sucre.

La mesure, « prise à titre exceptionnel » , est désormais supposée donner un coup de pouce à la culture de betteraves et de noisettes. Le gouvernement, opposé à une réintroduction pure et simple de ce produit, a rendu un « avis de sagesse » quant à cette proposition de loi. Autrement dit, il ne s’est déclaré ni favorable ni défavorable. Ni oui, ni non, voilà qui promet des débats houleux à l’Assemblée nationale.


La betterave, une culture en expansion dans le Grand Est

Loin de nous ces batailles politiques ? Non. Car si dans notre région on trouve peu de noisettes, la betterave est bien présente. On comptabilisait ainsi en 2024 près de 4 200 planteurs de betterave en Champagne-Ardenne pour un total d’environ 100 000 hectares répartis sur les départements de la Marne, de l’Aube, de la Haute-Marne et des Ardennes. Dans une moindre mesure, l’Alsace est aussi une terre à betterave sucrière avec 7 240 ha en 2024. En Alsace et selon nos confrères des DNA , la production de betteraves a augmenté de 25 % entre 2023 et 2024. Autant dire que du côté des apiculteurs en région, l’inquiétude gagne du terrain.


Abeilles photoPour les apiculteurs, on privilégie une filière, celle de la betterave, au détriment de la préservation des abeilles. Photo Dr


>Lire la suite de l'article