Jean Jouzel , paléoclimatologue : « Ce qui compte, c’est l’action »
Jean Jouzel , paléoclimatologue : « Ce qui compte, c’est l’action »
Jean Jouzel est un paléoclimatologue de renommée internationale. Il a contribué à des découvertes cruciales dans la compréhension du dérèglement climatique. Nous l’avons rencontré à Lyon début décembre. Il y revient le 16 mai dans le cadre de notre événement Ici on agit !
Jean Jouzel, paléoclimatologue français, sera à Lyon le 16 mai. Photo Maxime Jegat
Citoyen, collectivité, entreprise… Qui doit faire des efforts ?
« Se déplacer, se loger, se nourrir… Ces activités du quotidien représentent pratiquement les deux tiers de nos émissions. Alors bien sûr, le citoyen peut essayer de bien se loger, de se déplacer en mobilités douces, de manger local, d’être aussi sobre que possible, mais il faut que les collectivités y mettent du leur. Elles ont un rôle dans l’atténuation des émissions carbone et dans l’adaptation. Elles ont aussi un rôle important pour développer les énergies renouvelables. Si on veut que l’action soit efficace, il faut que tout le monde s’y mette. Ce qui compte, c’est passer à l’action. »
L’action politique suit-elle les recommandations scientifiques ?
« Dans le domaine de l’environnement, et c’est vrai aussi pour la médecine, il y a une proximité entre les travaux qui sont conduits dans le cadre de la recherche et les décisions politiques. En 2018, on parle de neutralité carbone au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). En 2021, 100 pays ont déjà inscrit cette neutralité dans leurs objectifs. Il y a une prise en compte des travaux scientifiques, une certaine prise de conscience. Mais c’est vrai qu’il y a un fossé entre les objectifs affichés et ce qui est mis sur la table. »
Et les médias, comment agissent-ils ?
« Je trouve que les médias français sont de bonne qualité. En revanche, le climatoscepticisme prend beaucoup de place sur les réseaux sociaux, là où les jeunes vont chercher de l’information. Cela m’interroge. Les journaux tombent moins dans le panneau, mais certains relativisent, disent qu’il y a bien d’autres problèmes… De manière générale, très peu de radios et de télévisions accordent une place à la science, à la recherche. Il y a une absence de réelle réflexion scientifique dans les grands médias, pas d’ambition de transférer la science en général. L’environnement a peut-être un peu plus de place. »
Est-ce que leur rôle est important ?
« Si on n’a pas les médias, on n’a pas d’écoute. J’ai été sollicité par les politiques à partir la fin des années 1990 parce que j’avais acquis une visibilité dans les médias en étant associé à la découverte sur le lien entre l’effet de serre et les variations climatiques rapides. On voit bien que les décideurs politiques se tournent vers les scientifiques qui ont acquis une certaine visibilité dans les médias. »
Ici on agit : deux jours pour comprendre le dérèglement climatique
“Ici on agit”, l’événement , se tiendra sur deux jours à Lyon, les 16 et 17 mai, à la Sucrière dans le quartier de la Confluence. Deux jours pour comprendre les conséquences du dérèglement climatique sur notre quotidien. « Ce qui compte, c’est passer à l’action », nous dit plus haut Jean Jouzel. Et c’est bien la finalité de l’événement Ici on agit.
À travers des conférences, des tables rondes, mais aussi des ateliers, des expositions, des prises de parole de spécialistes, d’acteurs des collectivités et du monde économique et associatif, des jeunes lycéens et les étudiants… chacun pourra apporter son témoignage, exposer les solutions qu’il met en place pour que son impact, l’impact de son activité, ait le moins d’incidence négative sur l’environnement et donc sur le dérèglement climatique.
De nombreux partenaires ont déjà rejoint l’aventure Ici on agit (l’ Office français de la biodiversité , l’Agence de l’eau, la Ville de Lyon, l’Apec, la Banque des territoires…), afin, comme c’est l’ambition de cet événement et de votre journal, d’agir ensemble et localement pour le climat et l’environnement. Cette première édition qui sera aussi déclinée à Nancy (Meurthe-et-Moselle) et Strasbourg (Bas-Rhin), s’appuie très largement sur le journalisme de solutions que Le Bien public et l’ensemble des titres de notre groupe Ebra portent à travers notre supplément mensuel lui aussi intitulé Ici on agit.
François Gemenne, Pierre-Ambroise Bosse, Rémi Camus…
Ici on agit va s’attacher à créer le débat qui sera alimenté par de nombreux spécialistes à l’image de Jean Jouzel. Seront présents : François Gemenne , co-auteur du 6e rapport du Giec, le sportif Pierre-Ambroise Bosse ou l’aventurier et explorateur Rémi Camus.
Cette première édition sera suivie d’autres qui nous permettront d’appréhender le chemin parcouru grâce aux actions menées dans notre région pour lutter contre le dérèglement climatique. Le chemin sera long.