Les jeunes pousses de la cosmétique à la pointe de l’innovation

Publié le 17 avril 2025

Les jeunes pousses de la cosmétique à la pointe de l’innovation

Alors que les défis environnementaux de l’industrie cosmétique sont nombreux, de jeunes et petites entreprises du territoire inventent et fabriquent au quotidien les produits de beauté de demain.


Dans les ateliers de production de la marque de cosmétiques lyonnaise La Rosée, les gammes sont conçues de manière écoresponsable avec des formules propres et sans suremballage. Photo La Rosée

Des ingrédients polluants et bien souvent controversés, une fabrication qui requiert des hectolitres d’eau, des emballages issus de la pétrochimie, un important coût carbone lié au transport des produits par camion ou par avion : le marché de la cosmétique serait aujourd’hui responsable de 0,5 à 1,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.* Un constat qui, mêlé au contexte environnemental et aux différentes alertes émanant de toute part, oblige marques et fabricants à s’adapter… Et à innover.

« On a créé notre marque à la recette de fabrication vraiment clean »

Dans le Rhône, certains n’avaient d’ailleurs pas attendu l’urgence, pour insuffler au secteur une dynamique écoresponsable.

Depuis maintenant plus de vingt ans, la marque de produits de coiffure Divisco, conçue et fabriquée à Saint-Genis-Laval, implante ainsi sur le marché des soins capillaires respectueux de la santé et de l’environnement. « Ici, nous créons des produits en nous inspirant du vivant, sans avoir recours à de la chimie lourde », souligne Sébastien Viscogliosi, co-dirigeant de l’entreprise, qu’il a créée avec son épouse Isabel Garcia. Soucieux de ne travailler qu’avec des ingrédients « neutres », qui ne perturbent ni les écosystèmes ni l’organisme, le couple a ainsi mis au point la technologie brevetée exotéine, qui consiste à associer quatre ingrédients d’origine naturelle, et à jouer avec leurs dosages et leurs propriétés afin qu’ils puissent avoir une action mécanique – et non chimique – sur le cheveu.


La Rosée cosmétiques, représenté par ses co-fondatrices, Mahault de Guibert et Coline Bertrand, a reçu le trophée “coup de cœur du jury” lors de la Fête de l'entreprise de 2021. Photo d'archives Joël Philippon

À la clé : des produits lissants ou bouclants, sans résidus polluants qui brûlent le cuir chevelu avant de partir dans la tuyauterie. La recette « naturelle », c’est aussi le fondement de la marque La Rosée, née à Lyon en 2015 des tristes constats de Coline Bertrand et Mahault De Guibert, deux amies alors toutes les deux pharmaciennes. « Au comptoir de la pharmacie, en regardant les étiquettes, on s’est aperçues qu’il était impossible de trouver une marque de cosmétique qui suive une recette de fabrication vraiment clean. Alors, on a créé la nôtre », raconte Coline. En pionnières dans une époque qui n’a pas encore bien conscience du déséquilibre environnemental qui se joue, les deux amies se lancent alors dans la création d’une gamme courte, dont chaque produit contiendra le moins d’ingrédients possible, mais le plus naturel possible.

Exporter leurs produits à l’étranger via… Des bateaux à voiles

Dix ans plus tard, La Rosée est devenue le 3e plus gros vendeur français de produits cosmétiques en pharmacies, et vise à évoluer prochainement sur un schéma d’entreprise régénérative. Ironie du sort, ce sont bien souvent ces Tom-Pouce d’une industrie très largement dominée par des majors internationales, qui sont à l’origine des plus grandes innovations. Tandis que les recettes de La Rosée restent aujourd’hui libres de droits pour « ouvrir la voie à l’industrie », les fondateurs de Divisco ont ainsi de leur côté signé récemment un contrat de collaboration avec L’Oréal, qui lorgne sur leurs solutions. Formules biodégradables, packagings débarrassés du suremballage, rechargeables ou consignables, approvisionnement en ingrédients fabriqués en France, chaînes de production réinventées… Dans l’industrie cosmétique, alors que le virage à 180 degrés s’impose pour s’adapter au mieux à la donnée climatique, les leviers d’actions sont nombreux, si surprenants – mais profitables ! – soient-ils. Récemment, Coline et Mahault ont ainsi décidé d’exporter leurs produits à l’étranger via… Des bateaux à voiles.

*Étude It’s time for the future, portée en 2020 par le cabinet de conseil en stratégie environnementale Quantis.


Le solide, avenir de la cosmétique ?

À l’été 2023, sollicité par la marque 900.care qui souhaite développer une solution de produits cosmétiques sous forme de pastilles, Mickaël Urrea ouvre à Andrézieux-Bouthéon l’usine La Fabrique à Poudre.

Créateur d’un brevet de pastille « en hauteur » capable de s’adapter aux dimensions des goulots standards des contenants, il produit ici une gamme de basiques de la salle de bains, auxquels le consommateur n’a plus qu’à ajouter de l’eau pour faire mousser.

« Outre la formulation saine et naturelle des produits, conçue par nos clients, la pastille permet de réduire drastiquement l’empreinte carbone de la fabrication, explique le jeune entrepreneur. Une pastille plutôt qu’un flacon, c’est 10 fois moins de surface de stockage, donc moins d’énergie. Moins de transport. Moins de risque de contamination, donc pas d’utilisation d’eau et de détergents pour décontaminer les surfaces et emballages. À l’arrivée, ces économies sont aussi financières, et permettent à nos clients comme 900.care de proposer les pastilles de recharge à 2,50 € en grande distribution, ce qui est très abordable ».